The war memorial at Steenstraete near Ieper
Tout au long des années de guerre

En fin d'après-midi du 22 avril 1915, les troupes allemandes lâchèrent environ 150 tonnes de chlore gazeux sur les alliés, qui étaient retranchés du côté nord du soi-disant saillant d'Ypres, entre Steenstrate et Langemarck. Cela signifiait le début de la guerre chimique pendant la Première Guerre mondiale, qui ne fera que s'intensifier jusqu'au point où, vers la fin de la guerre en 1918, environ 25 % de toutes les munitions transporteraient une charge chimique.

En 1929, les vétérans français du 418e régiment érigent à Steenstrate un monument en commémoration de la première grande attaque au gaz chloré. Le mémorial a été réalisé par l'artiste français Maxime Real del Sarte et représente de manière réaliste un soldat, les mains autour du cou, luttant pour une dernière gorgée d'air. Deux soldats sont déjà étouffés à ses pieds. Le texte sous le monument indiquait que le 22 avril 1915, les troupes de la 45e division française et de la 87e division territoriale furent empoisonnées par des gaz et que depuis lors, il y eut encore des victimes de cette arme terrible utilisée pour la première fois par les Allemands.

Ce monument était clairement une épine dans le pied pour les Allemands et ils l'ont fait sauter pendant la Seconde Guerre mondiale en mai 1941. Cela en dit long sur l'expressivité réaliste du mémorial, dont seules quelques photographies subsistent aujourd'hui.

Après la Seconde Guerre mondiale, au même endroit, une croix en aluminium de 15 mètres de haut fut érigée en 1961, inaugurée en signe de réconciliation belgo-franco-allemande. Non plus le signe du doigt pour les Allemands, mais au pied du monument un texte appelant à la paix et à la réconciliation dans le monde. Lors de la commémoration des événements d'avril 1915, les soldats allemands peuvent être présents en toute sécurité. L’image réaliste a été remplacée par un symbole religieux chrétien largement connu. L'ironie est que l'une des deux divisions françaises qui, le 22 avril 1915, reçut la charge maximale de l'attaque au gaz, était la 45e division algérienne. Reste la question de savoir si tous les combattants algériens pourraient se retrouver sous le symbole de la croix.